Comprendre l’escarre en 8 points clés

1. L’escarre est une lésion de la peau1,2

« Escarre » est le terme employé pour définir une plaie de la peau, souvent profonde, se formant au niveau des zones d’appui chez les personnes immobilisées ou alitées.

Les escarres sont généralement classées selon 5 stades de gravité, dont seuls les stades I et II sont réversibles :

• Stade 0 : Peau intacte mais à risque d’escarre.

• Stade I : Apparition d’une rougeur persistante sur un point d’appui.

• Stade II : Perte d’une partie de l’épaisseur de la peau. L’escarre est encore superficielle et se présente comme une dermabrasion ou des cloques.

• Stade III : Perte de toute l’épaisseur de la peau avec une attaque des tissus sous-cutanés qui se nécrosent.

• Stade IV : Atteinte très profonde pouvant toucher les muscles, les os, les tendons.

2. L’escarre est une pathologie relativement fréquente

Loin d’être une maladie rare, l’escarre est une pathologie qui touche environ 240 000 patients par an en France2. Plus précisément, elle touche 8,1% des patients hospitalisés et 15,7% des patients gériatriques3.

3. L’escarre concerne les personnes immobilisées, quel que soit leur âge, et pas seulement les personnes âgées

Même si elle est plus fréquente chez les personnes âgées, l’escarre peut apparaître chez tous les patients immobilisés ou à mobilité réduite, quel que soit leur âge ou la durée de leur immobilisation (temporaire ou permanente)1.

L’escarre apparaît suite à une pression prolongée du corps sur les vaisseaux sanguins se trouvant sous la peau. Lors d’une immobilité prolongée, la pression exercée par le corps sur les tissus situés sous la peau entraîne un écrasement des vaisseaux sanguins et une mauvaise oxygénation des tissus cutanés.

Si cet écrasement persiste, une escarre peut apparaître en seulement quelques heures : 2 heures suffisent4 !

4. L’escarre est provoquée par une immobilité prolongée mais d’autres facteurs de risque existent1,2

D’autres facteurs de risques de survenue d’escarre existent et doivent être pris en compte :

  • Le cisaillement, c’est-à-dire une force parallèle à la peau, lors de l’adoption d’une position instable, assise notamment
  • Le frottement de la peau (sur les draps ou un vêtement)
  • La macération, notamment dans le cas des patients incontinents

D’autres paramètres favorisant l’apparition d’escarres sont directement liés au patient tels que :

  • L’âge
  • L’état nutritionnel
  • L’incontinence
  • Les autres maladies déjà présentes (par exemple diabète, éthylisme, neuropathie)

5. L’escarre peut apparaître sur toute partie du corps subissant une immobilité mais aussi des frottements répétés2,5

Toutes les zones d’appui sur lesquelles le corps exerce une pression sont des zones à risque.

Cependant, les zones d’appui ayant une faible couche de peau sont plus à risque que les autres :

  • Les talons
  • Le bas du dos (sacrum)
  • Les hanches (trochanter)
  • Les fesses (ischions)
  • L’arrière de la tête (occiput)
  • Les chevilles (malléoles).

Plus rarement, on retrouve parfois des escarres au niveau des omoplates, des coudes ou encore de la nuque.

Les zones atteintes varient en fonction de la position de l’immobilisation (voir image).

6. L’escarre n’est pas obligatoirement grave à condition d’être prise en charge à temps 1,2

L’escarre est une plaie sérieuse car elle peut s’aggraver et se creuser jusqu’à atteindre les muscles et même parfois les os. Ces plaies sont alors très douloureuses et mettent des mois à cicatriser.

Cependant, l’escarre n’est pas grave d’emblée et passe par plusieurs stades. Détectée et prise en charge suffisamment tôt, la plaie peut être soignée avant d’atteindre un stade de gravité trop important.

7. L’escarre peut se soigner même si cela prend beaucoup de temps

Le traitement de l’escarre est à la fois local et général. Il doit prendre en compte la plaie mais aussi la personne dans sa globalité.

La première étape du traitement consiste à mettre la zone de l’escarre en « décharge », c’est-à-dire à supprimer la pression, le plus souvent grâce à des supports adaptés7.

Le traitement local de l’escarre comprend plusieurs volets :

  • Le nettoyage de la plaie et l’élimination des tissus morts (détersion) : c’est l’étape essentielle qui permet une bonne cicatrisation1,7.
  • Les pansements : le pansement permet de recouvrir la plaie et de la protéger du milieu extérieur (poussière, bactéries, selles, urines, …) tout en maintenant les conditions idéales de renouvellement des tissus. Votre équipe soignante vous prescrira les pansements spécifiques adaptés au stade de l’escarre. Le renouvellement des pansements n’a pas forcément lieu tous les jours mais à une fréquence optimale et en fonction du pansement et de l’évolution de la plaie.
  • La chirurgie : elle n’est pas systématique et n’interviendra que dans les cas les plus graves. Des greffes peuvent parfois être indiquées afin de diminuer le temps nécessaire à la cicatrisation.
  • Les antibiotiques : un traitement antibiotique peut être prescrit en cas d’infection mais n’est pas systématique.

La cicatrisation de l’escarre est un processus long et la fermeture complète de certaines lésions, véritables plaies chroniques, peut demander plusieurs semaines7.

8. Des moyens de prévention efficaces existent pour éviter la formation des escarres

L’escarre peut être évitée dans une grande majorité des cas1. Des mesures de préventions adaptées seront mises en place par l’équipe médicale.

Leurs objectifs seront de :

  • Prévenir l’aggravation d’une escarre déjà existante
  • Éviter l’apparition de nouvelles lésions7

Ces mesures de prévention comprennent entre autres des actions permettant de :

  • Limiter la pression sur les zones à risque
  • Surveiller la peau afin de rechercher des signes de début d’escarre
  • Maintenir une bonne hygiène de la peau
  • Favoriser un bon équilibre alimentaire et des apports nutritionnels suffisants
  • Lors de la survenue d’une escarre, les mesures de prévention mises en place par l’équipe soignante perdureront tout au long de la période de soin afin d’éviter toute aggravation de l’escarre existante ainsi que l’apparition de nouvelles lésions.
References

1. ANAES. Conférence de consensus. Prévention et traitement des escarres de l’adulte et du sujet âgé. 2001.

2. CEDEF. Item 50 Complications de l’immobilité et du décubitus. Prévention et prise en charge : escarre. Ann Dermatol Venereol. 2012;139 (11 Suppl) : A4-8.

3. Barrois B, et al. Epidémiologie des escarres en France. Revue Francophone de cicatrisation . 2017;3:10-14.

4. Battu V. Prévention et traitement des escarres. Actualités pharmaceutiques . 2018;578:55-57.

5. Vuagnat H, et al. Personne âgée et escarres : prévention et traitement. Rev Med Suisse . 2012;8:2295-302.

6. Faucher N, et al. Place des pansements dans la prévention des escarres. Revue francophone de cicatrisation. 2019;1:34-37.

7. Bonnet D, et al. Escarres traitées à domicile. La revue du praticien Médecine générale. 2009;23(825):469-471.