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Les troubles urinaires et colorectaux des patients atteints de sclérose en plaques

La prise en charge des troubles vésico-sphinctériens des patients SEP pourrait être optimisée

Les études montrent que 80 à 90 % des personnes atteintes de la SEP seront gênées par des troubles urinaires (TU) chroniques au cours de la maladie (1,8) et que 50% des patients SEP souffrent de troubles colorectaux (TCR)(11)

Bien qu'il s'agisse de problèmes courants pour de nombreuses personnes, cela reste un sujet « tabou » dont il peut être difficile de parler. Une étude réalisée par le réseau Alsacep a démontré que les troubles urinaires étaient sous-estimés par les patients et que la prise en charge pouvait être optimisée (12). Si les troubles vésico-sphinctériens ne sont pas traités, ils peuvent nuire gravement à l'évolution de la maladie et, par conséquent, avoir un impact important sur la qualité de vie.

Prise en charge pas à pas

Vous trouverez ci-dessous l’algorithme vous permettant de prendre en charge les troubles urinaires de vos patients SEP, avant de les adresser aux experts de neuro-urologie. Cet algorithme s’adresse aux neurologues pour les accompagner à dépister, prendre en charge et suivre leurs patients. 

Dépister

En tant que référent médical pour les patients SEP, vous jouez un rôle crucial dans le dépistage des troubles vésico-sphinctériens.
A chaque consultation, vous devez mener un interrogatoire dirigé pour déceler d’éventuels symptômes urinaires, une gêne ou une détérioration de la qualité de vie de votre patient. Chez les patients atteints de sclérose en plaques, les symptômes ont tendance à s’installer progressivement. Il est donc important de projeter le patient dans son quotidien et d’évaluer si avec le temps, il a dû adapter son comportement (ex : mictions par précaution, identification des toilettes dès qu’il arrive sur un lieu inconnu…). Lors de cet interrogatoire dirigé, vous devez également rechercher les facteurs confondants et/ou favorisants comme les infections urinaires, les troubles colorectaux, les habitudes hygiéno-diététiques ou encore les effets secondaires d’autres traitements thérapeutiques.
Pour identifier cliniquement les troubles urinaires, plusieurs examens sont à prescrire, au moins une fois par an:

  • La mesure du résidu post-mictionnel (RPM) avec mesure du volume pré-mictionnel pour une interprétation correcte du résultat. A travers cet examen, on pourra savoir si le patient fait de la rétention urinaire. On considère qu’un RPM est existant s’il est supérieur à un tiers du volume pré-mictionnel ou supérieur à 100 ml.
  • Une échographie vésico-rénale pour déceler des calculs urinaires, des anomalies du haut-appareil (dilatation pyélocalicielle), une anomalie vésicale (vessie de lutte), adénomes
  • Clairance créatinine pour vérifier le fonctionnement des reins

Si des troubles urinaires sont identifiés, il est recommandé de faire un ECBU pour identifier une infection urinaire sous-jacente

En résumé :  

Prendre en charge

Comme le mentionne le Dr Marianne De Sèze, la prise en charge des troubles urinaires des patients SEP repose sur une collaboration étroite entre l’équipe de neurologie et l’équipe de neuro-urologie. Il convient dans un premier temps de supprimer les facteurs favorisants (infections urinaires symptomatiques, troubles colorectaux et apports hydriques non adaptés), puis de proposer les traitements de première ligne. Vous trouverez ci-dessous l’algorithme de prise en charge développé par les experts de neuro-urologie à destination des équipes de neurologie.

* La neurostimulation tibiale présente un intérêt dans la prise en charge des symptômes d’hyperactivité vésicale, compte-tenu de son efficacité, de sa bonne tolérance et du faible nombre de contre-indications. Peut être proposée seule ou en association avec un anticholinergique.9,10

Suivre et adresser aux experts 

Les experts s’accordent sur l’importance du suivi. Il est donc important de suivre l’efficacité du traitement mis en place via des examens cliniques comme la mesure du RPM ou des questionnaires tels que le PGII. Si les traitements de premières lignes proposés ne suffisent plus, il est important d’adresser le patient vers un expert de neuro-urologie. Vous trouverez ci-dessous les autres « drapeaux rouges » nécessitant l’avis d’un spécialiste des troubles vésico-sphinctériens.

 

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LES OUTILS POUR ACCOMPAGNER VOTRE ACTIVITE

Découvrez et téléchargez nos outils, mis à votre disposition et destinés à vous accompagner dans la prise en charge des troubles urinaires des patients SEP.

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Preuve clinique: "Burden of Illness the first year after Diagnosed Bladder Dysfunction among People with Spinal Cord Injury or Multiple Sclerosis"

Références
  1. de Sèze M, Ruffion A, Denys P, Joseph PA, Perrouin-Verbe B; GENULF. The neurogenic bladder in multiple sclerosis: review of the literature and proposal of management guidelines. Mult Scler 2007; 13:915–928.
  2. Amarenco G, Chartier-Kastler E, Denys P, Labat Jean J, de Sèze M and Catherine Lubetzski C. First-line urological evaluation in multiple sclerosis: validation of a specific decision-making algorithm. Multiple Sclerosis Journal 2013; 19(14) 1931–1937
  3. Ghezzi A, Carone R, Del Popolo G and al. Recommendations for the management of urinary disorders in multiple sclerosis: a consensus of the Italian Multiple Sclerosis Study Group. Neurol Sci 2011; 32:1223– 1231
  4. de Sèze M. Troubles vésico-sphinctériens de la sclérose en plaques : un impact majeur sur la qualité de vie. Neurologies 2010; 13(125):8-11
  5. Phé V, Chartier-Kastler E, Panicker JN. Management of neurogenic bladder in patients with multiple sclerosis. 2016; 15(5) : 275-288
  6. Blok B (Chair), Castro-Diaz D, Del Popolo G, Groen J, Hamid R, Karsenty G, Kessler T.M, Pannek J (Vice-chair) Guidelines Associates: H. Ecclestone, S. Musco, B. Padilla-Fernández, A. Sartori Guidelines Office: N. Schouten, E.J. Smith. EAU Guidelines on Neuro-Urology 2022. European Association of Urology
  7. Association française d’Urologie (AFU). Fiche d’information patients. Auto-sondage urinaire. Dernière MAJ 2018
  8. Nortvedt, M. W. et al.Prevalence of bladder, bowel and sexual problems among multiple sclerosis patients two to five years after diagnosis. Mult. Scler. 13, 106–112 (2007).
  9. San-Chao Xiong. Effectiveness and safety of tibial nerve stimulation versus anticholinergic drugs for the treatment of overactive bladder syndrome: a meta-analysis. Ann Palliat Med 2021;10(6):6287-6296. Le neuromodulation tibiale est aussi efficace que les anticholinergiques pour traiter la vessie hyperactive, avec de meilleures performances sur la diminution des épisodes d’incontinence par impériosité. En outre, la neuromodulation tibiale semble être plus tolérable que les anticholinergiques
  10. Vecchioli-Scaldazza C, Morosetti C. Effectiveness and durability of solifenacin versus percutaneous tibial nerve stimulation versus their combination for the treatment of women with overactive bladder syndrome: a randomized controlled study with a follow-up of ten months. Int Braz J Urol. 2018; 44: 102-8. Tibial nerve stimulation (PTNS) showed a greater effectiveness than Solifenacine (SS), but PTNS + SS was more effective than SS and PTNS. Furthermore, PTNS + SS showed a greater duration of effectiveness than PTNS and SS
  11. NUSRAT 2012 (this number has been used in a recent French publication - Pr A.M. LEROI, French KOL expert on Bowel management, Rouen Hospital)
  12. De Seze J, Quiniou H, Lanotte L, Kopf A and al, Troubles urinaires et sclérose en plaques : mieux les détecter pour mieux les prendre en charge,Pratique neurologique FMC (2021)